L'Aléa
Les aléas de la vie : des événements imprévus, qui à priori ne sont pas très positifs, mais qui peuvent s’avérer finalement bénéfiques. Comme un mal au dos qui oblige à développer une attention à son corps, manger mieux, faire de l’exercice et qui finalement devient une sorte de médecine.
Pareil pour les bois collés : chocs, frottements, humidité… les bois sont abîmés. Mais voilà qu’ils trouvent une place dans un ensemble, ils participent à quelque chose de nouveau ; ils existent encore un peu.
J’aime ce geste qui cicatrise leurs blessures, il console et donne du sens.
Au début, les morceaux de bois sont sur la table de l’atelier, leurs formes, couleurs, épaisseurs, essences… jouent toutes seules. Elles guident les mains, chatouillent l’inconscient et s’amusent avec l’impromptu, le doute et l’évidence.
Des constantes apparaissent : des lignes droites, courbes, brisées… Dès qu’une constante se change en règle, l’idée d’un décalage s’impose, la ligne qui charpentait l’image bouge. Elle se fait plus discrète et participe au lieu d’imposer.
Ces décalages systématiques finissent par créer une harmonie d’ensemble où tous les éléments semblent raconter une seule image.
Alors, j’arrête de bouger les morceaux de bois et je les colle.
Une autre fois, le bois usiné, peint, coupé, raboté, calibré, usagé, domestiqué… me fait signe avec ses nervures, ses veines, ses courbes, ses brisures échevelées… et me rappelle qu’il est d’abord végétal. Surgissent des traces de ma représentation du végétal. Pas copier mais laisser le bois me guider vers ses courbes naturelles.
Une autre fois, l’acrylique claironne ! Trop de couleurs vives ! Et j’aspire au gris, au brun, au noir ; en fait j’aspire au bois, à son vécu du chaud, du froid, de l’eau, du sec, du feu, de la foudre, du vent… Et j’explore l’ombre où la lumière nait des ténèbres. Je cherche la nuance des couleurs dans le creux et le plein du relief.
Une autre fois, à force de chercher ses courbes, le bois m’enferme dans le vert...
À suivre...